EXPRESSION CANTONAISE : « Séui tóu bāt fuhk » - « Avoir une indigestion » « Séui tóu bāt fuhk ! » Voici une succession de quatre mots que vous entendrez à maintes reprises, surtout lorsque vos connaissances hongkongaises reviennent, l’estomac barbouillé (même s’il est en acier), d’un séjour de vacances ou d’un voyage professionnel. En réponse, adoptez un air compatissant – vous avez sûrement vécu cette expérience – en vous enquérant immédiatement de la santé de votre interlocuteur. Mot à mot, « Séui tóu bāt fuhk ! » (水土不服) signifie que « l’eau, la terre n’obéissent pas ». « Séui » (水) est « l’eau », « tóu » (土) « la terre ». « Bāt fuhk » (不服) exprime l’idée de « ne pas suivre », de « ne pas obéir », de rendre inconfortable. Il s’agit du même « fuhk » de l’adjectif fréquemment utilisé « syū fuhk » (舒服), synonyme de confortable ou agréable. « Séui tóu bāt fuhk ! » traduit l’idée que la nourriture consommée à l’étranger est restée sur l’estomac, notamment à cause d’une terre et d’une eau auxquelles l’organisme n’est point familier. C’est pourquoi, autrefois, les anciens qui se déplaçaient d’une province chinoise à l’autre emportaient avec eux un sac de leur terre locale. Chaque jour, afin d’habituer leur corps progressivement au nouvel environnement, ils en mélangeaient un peu avec l’eau du territoire étranger visité. Ce stratagème permettait de croquer l’aventure des périples en vaste Chine à pleines dents, sans se faire de bile quant à sa propre santé, sans avoir l’estomac dans les talons à force de s’abstenir de goûter aux plats appétissants de la contrée éloignée de ses propres racines. Cette conscience de la nécessité de travailler ses capacités d’adaptation n’était guère contradictoire avec le développement du goût pour l’exotisme. C’est ainsi que Yang Yuhuan (Yèuhng Yuhk Wàahn en Cantonais 楊玉環), la concubine originaire du Sichuan de l’empereur Xuanzong des Tang (Tòhng yùhn jūng en Cantonais, 唐玄宗) qui régna de 712 à 756, goûta aux litchis de la région de Lǐngnán (Líhng nàahm en Cantonais, 嶺南), cultivés dans la province de Canton. Elle les trouva exquis. L’empereur, fort amoureux de celle qui est considérée comme l’une des quatre femmes les plus belles de l’histoire de Chine, organisa un système de relais de cavaliers pour que ces fruits juteux et parfumés soient livrés en trois jours, frais, dans la capitale de l’époque, Cháng'ān (nom traditionnel de Xī'ān, Sāi ōn en Cantonais, 西安). Depuis, ces litchis du Sud, sont appelés « Sourire de la concubine » (« Fēi jí siu », 妃子笑). On ne sait point si ces « Fēi jí siu » provenant d’un sol lointain (à plus de 1300 km à vol d’oiseau de l’ancienne capitale), sans doute dévorés avec gloutonnerie dès leur arrivée, ont provoqué quelque indigestion. Quoi qu’il en soit, cerise ou litchi sur le gâteau, ceux-ci ont donné l’occasion de démontrer qu’un système de logistique ponctuel pouvait être implémenté sur l’immense territoire chinois. D’ailleurs, faisant écho à cette démonstration, « envoi par colis pour une livraison à domicile ou à un endroit prédéfini » en Cantonais se prononce « Faai daih » (快遞), en insistant bien sur la notion de célérité grâce au mot « Faai » (« rapide », 快). (https://www.keihsahtle.com/accueil/a-hong-kong-la-celerite-en-toutes-choses) Un plat cuisiné à emporter, quant à lui, se dit « Ngoih máaih », « Ngoih, » (外) pour extérieur, « máaih » (買) pour acheter. Dans ce cas de figure particulièrement, une expédition quasi-instantanée est requise car ventre affamé n’a pas d’oreille. Par EM à Hong Kong Photo: 30/11/2021 Sai Kung East Country Park - ©Keih Saht Le Lexique : Séui tóu bāt fuhk : Avoir une indigestion 水土不服 Séui : Eau 水 Tóu : Terre 土 Syū fuhk : Confortable 舒服 Fēi jí siu : Litchi de la région de Lingnan (Líhng nàahm) 妃子笑 Siu : Sourire 笑 Laih jī : Litchi 荔枝 Nàahm : Sud 南 Faai daih : Livraison (express) de biens à domicile 快遞 Faai : Rapide 快 Ngoih máaih : Plat cuisiné à emporter, à livrer 外買 Ngoih : Extérieur 外 Máaih : Acheter 買 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.htm
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Raymond Lo, Grand Maître Feng Shui, prédit une année turbulente, influencée par un Serpent ardent3/10/2025 ENTREVUE : Maître Feng Shui parmi les plus renommés à Hong Kong ainsi qu’à l’international, Raymond Lo, membre de la Feng Shui Society, s'est entretenu avec Keih Saht Le afin d’expliquer en quoi consiste le Feng Shui, cette discipline chinoise ancestrale qui influence tant la vie du Port au Parfum. Le Grand Maître Feng Shui dévoile également ses prédictions pour l’année du Serpent. Introduction Le Feng Shui, partie intégrante de la vie de Hong Kong Le Feng Shui fait partie intégrante de la vie de Hong Kong. Cette pratique en influence de nombreux aspects, l’architecture et la structure des quartiers citadins, le lieu et la manière de conduire les affaires, le comportement des habitants, dont leur alimentation et certains de leurs choix comme la sélection de leurs destinations de voyages, etc. Les grands décideurs, politiques ou hommes d’affaires, ont l’habitude de consulter les Maîtres Feng Shui de la ville en début d’année chinoise afin de valider voire d’orienter leurs prises de décisions. Les consultations peuvent aussi être d’ordre personnel afin de savoir quelle attitude adopter pour renforcer sa chance ou éviter les accidents de parcours. Influence considérable sur l'architecture C'est incontestable, le Feng Shui influe considérablement sur l’architecture de Hong Kong, à la fois sur le choix d'orientation des constructions et sur leur agencement intérieur. Pour ne citer qu’un exemple emblématique, la tour HSBC (HSBC Main Building, 1 Queens Road Central) de 178,8 mètres de haut, construite (à partir de 1985) par Norman Foster, a été entièrement conçue pour diffuser un Feng Shui favorable. Sa vue sur le port Victoria (Victoria Harbour) est dégagée car l’eau est associée à la richesse. Son rez-de-chaussée est un atrium ouvert pour que la bonne énergie puisse circuler. Les escaliers mécaniques intérieurs sont construits de biais pour empêcher les déplacements des éventuels mauvais esprits (qui sont dits se mouvoir en ligne droite). Quelques années après la fin de sa construction, deux grues de maintenance en forme de canons ont été installées au sommet du bâtiment. Elles sont pointées vers la tour de la Bank of China en guise de protection contre l’énergie négative qui provient de cette dernière en raison de ses formes triangulaires, pointues comme des couteaux. Conçue par Ieoh Ming Pei, la Bank of China a été édifiée en 1990 en omettant les principes Feng Shui. Définition du Feng Shui Le Feng Shui - Fēng Shui (风水) en mandarin, Fūng Séui (風水) en Cantonais - est une discipline ancestrale chinoise liée à la philosophie taoïste, destinée à créer un espace d’harmonie, tandis que l’environnement, considéré comme une combinaison en mouvement perpétuel de cinq éléments (Bois, Feu, Terre, Métal et Eau), affecte ou stimule les êtres humains. Cette pratique peut aussi comporter de la géomancie. Fūng signifie le vent, l’air, l’atmosphère. Séui signifie l’eau, la rivière, l’argent. Entretien avec Raymond Lo, Grand Maître Feng Shui Quelles sont les origines du Feng Shui ? La boussole Feng Shui (d’abord utilisée pour la navigation) ainsi que le calendrier solaire Hsia sur lequel cette discipline s’appuie sont apparus sous le règne de l’Empereur Jaune (considéré comme le père de la civilisation chinoise) qui aurait vécu de 2 697 à 2 598 avant Jésus Christ. La pratique du Feng Shui est née à cette époque, en même temps que la médecine chinoise. Ces sciences sont toutes deux basées sur la relation et la communication de notre Qi * (énergie venant du souffle de vie) avec ceux du ciel (Yang, 陽) et de la terre (Yin, 陰). Comment êtes-vous devenu un Grand Maître Feng Shui ? Je baigne dans ces concepts traditionnels chinois depuis ma tendre enfance. Poussé par la curiosité, j’ai d’abord souhaité approfondir mes connaissances en matière d’astrologie, puis, de plus en plus attiré par la métaphysique, j’ai été formé à la pratique du Feng Shui et de la géomancie par cinq Grands Maîtres. Plus j’exerce cette discipline, plus je constate qu’elle est exacte, dès lors qu’elle est appliquée avec rigueur et logique. Vous appartenez à l’Ecole dite des Flying Stars (« Etoiles Volantes »). Quelle est sa particularité ? Cette école intègre la notion du temps, ce qui est primordial. A l’image de la terre qui tourne autour du soleil ou des étoiles, l’énergie (le Qi) bouge constamment. C’est ce qu’intègre le calendrier Hsia, autrement dit le calendrier des fermiers (appelé aussi le Calendrier de Dix Mille Ans, 万年历), donnant les dates de récoltes (et des saisons), sur lequel la pratique du Feng Shui doit s’appuyer. Ce calendrier est construit selon un cycle sexagésimal qui combine deux cycles, un cycle de dix troncs célestes avec un cycle de douze branches terrestres. Les troncs célestes correspondent à l’association des cinq éléments, Bois, Feu, Terre, Métal et Eau aux forces Yang (énergie du ciel correspondant à la chaleur et la lumière) et Yin (énergie de la terre correspondant à l’aspect nourricier de la matière). ** Les douze branches terrestres sont représentées par les signes Rat, Bœuf, Tigre, Lapin, Dragon, Serpent, Cheval, Chèvre, Singe, Coq, Chien et Cochon. *** Que sont les Four Pillars of Destiny (« Quatre Piliers de la Destinée ») ? Ce sont les quatre données qui permettent de calculer la composition et le type de notre propre Qi et par conséquent de connaitre notre fortune, de savoir quelles forces nous influencent et nous affectent. Il s’agit de l’année, du mois, du jour et de l’heure de notre naissance, auxquels sont associés, pour chacun, un tronc céleste ** et une branche terrestre ***. Notons que les éléments Bois, Feu, Terre, Métal et Eau s’affaiblissent ou se renforcent entre eux, suivant une logique d’autorégulation. **** Lorsque nous connaissons les « Quatre Piliers de notre Destinée », nous savons quels facteurs de l’environnement agissent sur nous, à tout moment. Nous pouvons donc adapter notre mode de vie et faire de sorte de rétablir nous-mêmes l’équilibre qui nous convient. Quelles sont les forces qui caractérisent cette année du Serpent, qui a commencé le 4 février 2025 selon le calendrier Feng Shui ? Suivant le calendrier Hsia, cette année se caractérise par le tronc céleste du Bois et par la branche terrestre du Serpent, lui-même composé de Yin Feu. Selon les cycles d’engendrement, de tempérance et de destruction **** gouvernant les interactions entre les éléments, si le Bois et le Feu entrent dans un cycle productif avec une relation constructive, alors, l’année sera harmonieuse. Des accords de paix seront plus faciles à négocier. Toutefois, le Métal caché dans le Serpent pourrait contrarier l’entente entre le Bois et le Feu. Comme un couteau enterré sous la terre, ce Métal menace de couper la racine de la fleur. Par conséquent, nous assisterons à diverses turbulences, des assassinats, meurtres, coups d’Etat, mouvements sociaux, etc. Par ailleurs, en astrologie chinoise, le Serpent est une « Etoile qui voyage ». Cela signifie que plus de gens voyageront, avec aussi plus d’accidents marins, aériens et ferroviaires. Cette année coïncide en outre avec la fin du cycle de l’Eau, qui alimentait épidémies et peur. Nous nous trouvons désormais au début d’un cycle de Feu, associé avec la joie, l’énergie et l’activité économique. L’optimisme dans les affaires devrait donc revenir. Quels secteurs d’activité de Hong Kong seront les plus prospères ? La Bourse surtout devrait profiter du retour de l’enthousiasme. Les secteurs constitués de l’élément Métal devraient être florissants, comme les hautes technologies, l’industrie lourde, la fabrication de machines, la robotique et la banque. Composés de l’élément feu, les secteurs de la restauration, de l’énergie, de la finance (dont les actifs virtuels) auront le vent en poupe mais seront exposés à une forte compétition. Profitant de la combinaison du Bois et du Yin, les secteurs de la beauté et du spectacle s’épanouiront. Les secteurs avec l’élément Eau également devraient fonctionner convenablement – car l’Eau conquiert le Feu – au nombre desquels la communication, le transport maritime, et la logistique. Verra-t-on une reprise de l’immobilier au Port au Parfum ? Le secteur immobilier devrait certes bénéficier du retour de la confiance, cependant sa reprise pourrait s’avérer très progressive, voire laborieuse. L’immobilier est assimilé à l’élément Terre. Or, la Terre a besoin d’Eau, qui fait totalement défaut en cette année abondante en Feu. Quoi qu’il en soit, les bâtiments commerciaux devraient être les premiers à commencer se revaloriser, bénéficiaires directs du regain d’enthousiasme dans les affaires. L’orientation de la Northern Metropolis est-elle favorable à la bonne fortune ? Son orientation est adéquate. Au cours de la « Période 9 » (« Age of 9 ») qui a démarré en 2024 et durera jusqu’à 2044, la meilleure orientation d’une zone d’activité économique se trouve face à l’Eau, au Nord du Port au Parfum. A cet égard, la meilleure position se situe sur l’île de Hong Kong face à la mer, en regardant Victoria Harbour. Plus tard, lors de la prochaine « Période 1 », entre 2044 et 2064, ce sera au tour du Sud de l’île de Hong Kong d’être en terrain favorable. Pour mémoire, entre 2004 et 2024, il valait mieux situer les activités commerciales au Sud-Ouest, c’est-à-dire sur l’île de Lantau, dans la région de l’aéroport international de Chek Lap Kok. Qu’appelle-t-on la « Période 9 » ? Le calendrier Hsia comporte trois cycles, décomposés en 9 périodes. Ces trois cycles, qui s’étendent sur 180 ans, se réfèrent respectivement au cycle Supérieur, Moyen et Inférieur. Sous l’influence d’une étoile, chaque cycle se compose de trois périodes Feng Shui de 20 ans. La neuvième période de 20 ans dans laquelle nous venons de rentrer (en 2024) est gouvernée par l’élément Feu, par conséquent par la passion, la créativité et la transformation. Cette époque sera particulièrement favorable à l’exploration de l’espace, à la connexion spirituelle, mais aussi à la réussite des femmes d’âges moyen. L’emplacement géographique le plus fortuné sera le Sud. Hong Kong est donc très bien placé. Un bruit incessant et assourdissant peut-il contrarier un bon Feng Shui ? Le bruit joue le rôle d’amplificateur. Autrement dit, s’il est entendu à un endroit doté d’un bon Feng Shui, il augmentera la chance de bonne fortune. A l’inverse, subi au mauvais endroit, il accroîtra la mauvaise fortune. Quoi qu’il soit, il est toujours conseillé d’installer son salon ou son lieu de travail proche d’un lieu en mouvement qui, de facto, captera l’énergie de l’argent. Plus il y a de l’animation, plus la chance de faire des affaires est forte. En revanche, la chambre à coucher doit être installée dans le lieu le plus calme propice à la récupération. Tous les étages des gratte-ciels sont-ils dotés du même Feng Shui ? Il est déconseillé d’habiter dans les étages les plus élevés, en particulier sur un toit. Ces lieux ne sont guère protégés des vents. A l’intérieur, la circulation continuelle de l’air ne permet pas à la bonne énergie de s’installer. Le mieux est d’être protégé par une montagne, tout en voyant de l’eau qui attire la richesse. Ce principe vaut à la fois pour le lieu d’habitation et de travail. Par ailleurs, notons qu’il est essentiel que le patron d’une société, dont dépend la réussite de l’entreprise, soit assis à une bonne place, celle susceptible de lui apporter le plus de chance. Contacter le Grand Maître Feng Shui, Raymond Lo : http://www.raymond-lo.com/ Email : [email protected] Contacter le Maître Feng Shui, Maureen Chu : Fondateur de BaZi Health Email : [email protected] Formations : http://www.raymond-lo.com/14522/types-of-courses Définition du Qi, l’énergie, le souffle de vie * Le Qì (气) en mandarin, Hei en Cantonais (氣), signifie l’air, et par extension le souffle de vie ou l’énergie. Dans la philosophie taoïste, qui recherche l’harmonie parfaite entre le corps, l’esprit et la nature, le macrocosme de l’univers et le microcosme du corps humain s’échangent et s’unissent ensemble par le Qi, qui est une source et une force inépuisable. Dans la pensée chinoise, le Qi est en mouvement perpétuel et fait naître tout ce qui existe. L’homme est constitué du mariage équilibré et harmonieux entre l’énergie du ciel, symbolisée par le Yang, représentant chaleur et lumière, et l’énergie de la terre, symbolisée par le Yin, représentant l’aspect nourricier de la matière. Les dix troncs célestes ** Yang Bois 甲, Yin Bois 乙, Yang Feu 丙, Yin Feu丁, Yang Terre 戊, Yin Terre 己, Yang Métal 庚, Yin Métal 辛, Yang Eau 壬, et Yin Eau癸. Les douze branches terrestres *** Rat (composé de Yang Eau) 子, le Bœuf (composé de Yin Terre) 丑, le Tigre (composé de Yang Bois) 寅, le Lapin (composé de Yin Bois) 卯, le Dragon (composé de Yang Terre) 辰, le Serpent (Composé de Yin Feu) 巳, le Cheval (Composé de Yang Feu) 午, la Chèvre (Composé de Yin Terre) 未, le Singe (Composé de Yang Métal) 申, le Coq (Composé de Yin Métal) 酉, le Chien (Composé de Yang Terre) 戌 et le Cochon (Composé de Yin Eau) 亥. Interactions entre les éléments **** Le cycle de l’engendrement : Chaque élément active le suivant, en augmentant son énergie. Le Bois nourrit le Feu. Le Feu nourrit la Terre. La Terre nourrit le Métal. Le Métal nourrit l’Eau. L’Eau nourrit le Bois. Le cycle de la destruction : Chaque élément inhibe le suivant, en détruisant son énergie. Le Bois inhibe la Terre. Le Feu inhibe le Métal. La Terre inhibe l’Eau. Le Métal inhibe le Bois. L’Eau inhibe le Feu. Le cycle de la tempérance : Chaque élément tempère le suivant, en diminuant son énergie. Le Bois tempère l’Eau. L’Eau tempère le Métal. Le Métal tempère la Terre. La Terre tempère le Feu. Le Feu tempère le Bois. Entrevues : https://www.keihsahtle.com/entrevues.html
EXPRESSION CANTONAISE : « Dihn dāng dáam » - « Tenir la chandelle » A l’heure de la promotion des énergies renouvelables de tous types, « tenir la chandelle », l’expression française datant de l’époque où les lampes de chevets n’existaient pas, pourrait bien revenir à la mode. Au fil du temps, sa signification a quelque peu évolué. A l’origine, il s’agissait de décrire l’action de la soubrette ou du valet chargé, à la nuit tombée, d’éclairer à l’aide d’une bougie, le batifolage intime de leurs patrons, sans le gêner ni y participer. « Dihn dāng dáam » (電燈膽), la tournure équivalente cantonaise au « tenir la chandelle » français usité de nos jours s’avère à la fois plus pudique et plus branchée. Elle est plus moderne puisqu’elle réfère à l’utilisation du courant : « Dinh » (電) signifie « l’électricité » et « dāng dáam » (燈膽) « l’ampoule ». Employé tout seul, le mot « Dáam » (膽) désigne la « vésicule biliaire ». Sa forme piriforme rappellerait celle du globe de verre contenant le filament des lampes à incandescence. Pour résumer, celui qui « tient la chandelle » est une « dihn dāng dáam », « une ampoule éclairant de tous ses feux le couple qui l’accompagne ». Il y a fort à parier que cette personne, placée dans la position de l’empêcheur de tourner en rond, se sente inconfortable car ici, à Hong Kong, exhiber son intimité n’est point dans les mœurs. Les seuls à l’aise dans cette situation seront des amis « hóu suhk » (好 熟) c’est-à-dire « très proches » des amoureux, « hóu suhk » prenant le sens de « à grande maturité », ou de « très cuit » dans un tout autre contexte : A utiliser au restaurant, si vous souhaitez votre viande et votre poisson servis cuits à point. Afin d’esquiver le rôle de « dihn dāng dáam », avec quels amis sortir ? Avec les « jáu yuhk pàhng yáuh » (酒肉朋友) - « jáu » pour « alcool », « yuhk pour « viande », « pàhng yáuh » pour « amis » -, c’est -à dire avec « les compagnons pour boire et dîner », dont, d’ailleurs, pas grand-chose de plus n’est attendu. Qualifiés par votre famille (par votre moitié ou par vos parents) de « jyū pàhng gáu yáuh » « 豬朋狗友 », « les amis cochons et chiens » - avec qui vous n’êtes pas forcément « copains comme cochons » - vous divertiront. L’inconvénient de cette joyeuse fréquentation jugée nuisible par votre entourage serait de vous attirer des ennuis. Finalement, afin d’éviter tout tracas, sans doute est-il préférable de continuer à tenir la chandelle. Par EM à Hong Kong Photo: 29/01/2023 Tsim Sha Tsui - ©Keih Saht Le Lexique : Dihn dāng dáam : Tenir la chandelle 電燈膽 Dihn : Electricité 電 Dāng dáam : Ampoule 燈膽 Dāng : Eclairer 燈 Dáam : Vésicule biliaire 膽 Daaih : Grand 大 Daaih dáam : Audacieux 大膽 Daaih dáam dī, mh sái gīng ! : Sois plus brave, n’aies pas peur ! 大膽啲,唔使驚 Hóu suhk : Très proche / très cuit 好 熟 Suhk : Être proche, être familier, mature / être bien cuit, être à point 熟 Suhk yàhn : Quelqu’un de proche, de familier 熟人 Jáu yuhk pàhng yáuh : Les compagnons pour boire et manger 酒肉朋友 Jáu : Alcool 酒 Yuhk : Viande 肉 Pàhng yáuh : Ami 朋友 Jyū pàhng gáu yáuh : Les amis cochons et chiens, considérés de mauvaise fréquentation 豬朋狗友 Jyū : Cochon 豬 Gáu : Chien 狗 « Léih mh hóu tùhng léih dī jyū pàhng gáu yáuh chēut heui ! » : Ne sors pas avec ces « amis cochons et chiens » ! 你唔好同你啲出去 ! Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
EXPRESSION CANTONAISE : « Lìhn yah baat, sái laaht taat » - « Au 28ième jour du dernier mois de l’année lunaire, il faut laver de la saleté. » L’année du dragon de bois est en train de s’achever. Comme le rappelle « Lìhn yah baat, sái laaht taat ! », au 28ième jour du dernier mois de l’an lunaire - le 27 janvier 2025 suivant le calendrier grégorien - n’oubliez pas de ranger votre maison puis d’enlever toute la saleté. Selon la coutume à Hong Kong, ce « Daaih sou chèuih », c’est-à-dire ce « Grand ménage de printemps », une manière plus formelle de l’exprimer plutôt utilisée sur le Continent, doit avoir lieu deux jours avant le début de l’année chinoise. Il est indispensable de « Sou », « éliminer la crasse », « balayer », mais aussi de « chèuih », autrement dit de « se débarrasser » de tous les objets cassés, de la vaisselle ébréchée, des chaussettes trouées, des chaussures usées, avant de les remplacer au plus vite. Pour faire peau neuve, il faut faire table rase de tout ce qui pourrait rappeler les tracas, les déceptions, les malheurs de l’an qui se termine. Ce rituel prépare au renouveau qui commence en même temps que l’arrivée du printemps lunaire, célébré au premier jour de la nouvelle chinoise. Attention ! Lors de ce coup de balai musclé de fin d’hiver, n’omettez point le « maat chēung », le « nettoyage des fenêtres », qu’il faudrait ouvrir à minuit du soir du Festival du printemps. L’objectif de cette tradition est de libérer la maison des énergies malveillantes afin d’accueillir la prospérité. A Hong Kong ainsi qu’à Canton, la coutume est d’effectuer ce grand ménage annuel en utilisant de l’eau mélangée avec des feuilles (« yihp », 葉) de « lūk yáu » 碌柚 (pomelo). Tout en effrayant les mauvais esprits, elles attirent « Chòih sàhn » (財 神), le Dieu de la richesse. Maintenant que votre demeure, comme neuve, brille de propreté, accrochez à l’extérieur de sa porte d’entrée le caractère 福 (« Fūk », signifiant « fortune » ou « bonne chance ») calligraphié sur du papier rouge vif. Ainsi que les feux d’artifice, cette teinte éclatante a le pouvoir d’éloigner le monstre dangereux « Lìhn » qui, selon la légende, apparaît à la fin de chaque l’hiver. Enfin, filez sans tarder aux marchés aux fleurs du Port au Parfum (ouverts cette année du 23 au 29 janvier inclus). Eblouis, vous y admirerez des orchidées à profusion, des brins de saules de tous coloris, des myriades de glaïeuls rouges, de narcisses, de pivoines, de bambous chanceux (« Lucky Bamboo »), des monceaux de fleurs de cerisier, de pêcher, d’abricotiers, de morelles mammiformes orangées, des rangées d’arbustes à mandarines et à Kumquats. Vous n’aurez que l’embarras du choix pour offrir un bouquet de chance à vos amis et parer votre lieu de vie des couleurs de l’abondance. « Sèh lìhn daaih gāt ! » (« Bonne chance pour l’année du serpent ! », 蛇年大吉 ). Par E M à Hong Kong Photo : 09/02/2024 Marché aux fleurs, orchidées, Victoria Park - ©Keih Saht Le N’oubliez pas de commander des billets de banques neufs pour les « laih sih » ! De l’usage des « laih sih » : A Hong Kong, lors des célébrations de la nouvelle année lunaire, la tradition est de souhaiter les vœux de nouvelle année lunaire en offrant des « laih sih » (利是). Ces enveloppes rouges, contenant chacune deux billets de banque neufs (pour la plupart de petits montants), sont distribuées par les personnes mariées. Le sens de cet usage est d’échanger les vœux en famille, entre amis, ou de montrer à ceux qui vous rendent service qu’ils sont appréciés. Cette pratique diffère de celle de la distribution des « hóng bāo » (prononciation en Mandarin), 红包 (traduit littéralement par enveloppe 包 rouge 红) en Chine continentale. Les « hóng bāo » données aux enfants sont placées sous leur oreiller afin de les protéger du monstre « Lìhn » (« Nián » en Mandarin). En général, les « hóng bāo » contiennent des montants plus importants que les « laih sih », car l’argent représente le pouvoir. Les « hóng bāo » peuvent être une manière de démontrer sa richesse, d'afficher sa réussite dans la vie. Quelques formules de vœux pour l’année du serpent : Sèh lìhn faai lohk : Joyeuse année du serpent ! 蛇年快樂 Sèh lìhn daaih gāt ! : Bonne chance pour l’année du serpent ! 蛇年大吉 Gām sèh hin seuih ! : Santé et prospérité pendant l’année du serpent ! 金蛇獻瑞 Autres formules : https://www.keihsahtle.com/accueil/a-hong-kong-la-sagesse-dicte-decouter-les-femmes Photo : 09/02/2024 Marché aux fleurs, morelles mammiformes, Victoria Park - ©Keih Saht Le Lexique : Lìhn yah baat, sái laaht taat : Au 28ième jour du dernier mois de l’année lunaire, laver de la saleté 年廿八洗辣撻 Lìhn yah baat : 28ième jour du dernier mois de l’année lunaire 年廿八 Sái : Laver, nettoyer à l’eau 洗 Laaht taat : La saleté 辣撻 Daaih sou chèuih : Le grand ménage de printemps 大掃除 Daaih : Grand 大 Sou : Eliminer, balayer 掃 Chèuih : Débarrasser 除 Maat chēung : Nettoyer les fenêtres 抹窗 Maat : Effacer, nettoyer en effaçant, essuyer 抹 Chēung : La fenêtre 窗 Sou deih : Nettoyer le sol 掃地 Maat deih : Nettoyer le sol à l’eau 抹地 Sèh : Le serpent 蛇 Sèh lìhn faai lohk : Joyeuse année du serpent ! 蛇年快樂 Lìhn : L’année 年 Faai lohk : Joyeux 快樂 Lìhn sau : Le monstre Lìhn 年獸 Laih sih : Enveloppes rouges distribuées à Hong Kong 利是 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
EXPRESSION CANTONAISE : « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » - « Ecoute ta femme parler et tu seras prospère. » Voici une maxime cantonaise qui tombe à pic pour tous ceux qui ont inscrit « Paix des ménages » sur leur « bucket list » (liste des choses à réaliser) pour l’année du serpent de bois, qui débutera officiellement le 29 janvier 2025. Coïncidence, la sonorité de ce conseil éprouvé de sagesse ancienne « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » (« Ecoute les paroles de ta femme et tu seras prospère ») a un petit air de famille avec celle d’un vœu de nouvel an lunaire. Il se trouve que le « faat » (發) de « faat daaht » (prospère, fortuné) est le même que celui de « faat chòih » (devenir riche, faire fortune) de « Gung hei faat chòih ! » pour « Vœux de fortune ! ». Ces souhaits de bonheur s’adressent à tout un chacun dès le premier jour de célébration du festival du printemps (premier jour du premier mois du calendrier lunaire chinois). En l’occurrence, « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » est une version plus littéraire de l’expression habituellement entendue à Hong Kong : « Pa lóuh pòh, wuih faat daaht », qui signifie « Crains ta femme, et tu seras heureux. » Dans le langage courant, l’avertissement donné à la gent masculine est nettement plus explicite. Rappelons qu’au Port au Parfum, traditionnellement, c’était la femme qui tenait les cordons de la bourse. A la moindre incartade, l’homme risquait d’être privé d’argent de poche. Depuis, les temps ont changé. Même si, sans doute, certains continuent d’y réfléchir à deux fois, « Pa lóuh pòh, wuih faat daaht » se dit surtout en plaisantant. Tandis que l’homme a conquis le droit de rire de ces mots, tel n’est pas le cas, en revanche, des enfants insolents remis dans le droit chemin par les deux injonctions « Ting wah lā ! » - traduite littéralement par « Ecoute ! » ou « Sois sage » - et « Gwái gwái déi ! » équivalente à « Reste tranquille » ou « Sois calme ». Voici donc quelques expressions qui permettront d’aborder une nouvelle année du serpent de bois prospère, sereine, et en parfaite harmonie avec son entourage. Par EM à Hong Kong Photo: 04/05/2022 Cyclophiops major (Serpent vert), Pok Fu Lam - ©Keih Saht Le Quelques formules de vœux pour se préparer à la nouvelle année lunaire chinoise : Gūng héi faat chòih ! : Vœux de fortune ! 恭喜發財 Sān tái gihn hōng : Soyez en bonne santé ! 身體健康 Daaih gāt daaih leih : Vœux de bonne chance ! 大吉大利 Sām séung sih sìhng : Que tous vos souhaits se réalisent ! 心想事成 Gūng jok seuhn leih : Que le travail soit fructueux et harmonieux ! 工作順利 Lexique : Ting : Ecouter 聽 Lóuh pòh : Epouse 老婆 Wah : Parler 話 Lā : Mot qui indique une émotion, la suggestion ou un ordre 啦 Wuih : Expression du temps au futur 會 Faat daaht : Florissant, prospère 發達 Faat : Prospérer, s’enrichir 發 Chòih : Argent, richesse 财 Faat chòih : Devenir riche, faire fortune 發財 Gūng héi : Souhaiter, Féliciter 恭喜 Gūng héi faat chòih ! : Vœux de fortune ! 恭喜發財 Pa : Craindre 怕 Gwái : Etre à la fois calme et gentil, avoir un comportement exemplaire 姽 Gwái Gwái Déi ! : Soyez calmes et gentils ! 姽姽哋 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
ARTISTE : Inspiré par les espaces naturels, le photographe et sculpteur, Chan Yue Hin, nous invite à flâner avec délectation dans son univers enchanteur. L’art souriant du photographe et sculpteur, Chan Yue Hin, raisonne comme une poésie à la musicalité pétillante. Une irrésistible joie de vivre, rafraîchissante et réconfortante, transpire de la plupart de ses œuvres. Sans doute reflètent-elles l’allégresse de l’artiste lorsqu’il est plongé tout entier dans son élément, la nature, sa source d’inspiration première. « J’ai besoin d’espace. Quatre choses sont très importantes pour moi, les beaux-arts, la nature, la verdure et la tranquillité, » confie-t-il. Naturellement, au lieu de vivre en ville, Chan Yue Hin a pris ses quartiers dans le village de Lam Tsuen, au cœur de la campagne bucolique de Tai Po (Nouveaux Territoires). C’est ici, loin des gratte-ciels, qu’il s’est installé après avoir vécu vingt ans en France, diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dans les années 70. Son atelier se situe dans le parc de sa maison ancestrale, havre de paix fleuri en toute saison, qu’il a lui-même agencé avec une délicate harmonie. Propice à la rêverie créative, ce refuge fait également office de musée intimiste. Chaleureux, l’artiste hongkongais qui parle le Français couramment, est ravi d’introduire à son univers enchanteur les visiteurs en quête de respiration, à l’écart du tumulte urbain. Rompant avec ses habitudes, Chan Yue Hin s’est toutefois rendu dans le quartier vibrant de Wan Chai au Hong Kong Arts Centre en novembre (2024), à l’occasion de sa première exposition auprès du public du Port au Parfum, appelée « Flânerie dans la nature » (en Anglais, « Contemplation in nature », en Cantonais 閑觀, « hàahn gūn » signifiant « Voir en flânant »). Photo 1 : 16/11/2024 Chan Yue Hin, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 2 : 08/12/2024 Chan Yue Hin, atelier de Lam Tsuen Photo 3 : 16/11/2024 Photographie et sculpture en olivier, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 4 : 16/11/2024 Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 5 : 16/11/2024 Photographie « Les mémoires de la pierre », Hong Kong Arts Centre Photo 6 : 16/11/2024 Photographies, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 7 : 16/11/2024 Photographies d’orchidées et champignon, - Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Offrant un aperçu du travail prolifique de l’artiste durant les trois années de la pandémie de Covid-19, celle-ci a révélé 80 pièces de sa riche collection. Le flâneur citadin a pu y contempler des photographies lumineuses soulignant l’esthétique de la faune et de la flore de l’homme en symbiose avec la nature qui l’entoure, des sculptures en bois expressives aux formes surgissant du vivant, ainsi que des compositions pittoresques conçues à partir de coquillages, de céladons de Longquan, de céramiques antiques. L’une des photographies maîtresses interpelle, celle d’un mur rugueux longtemps travaillé par l’humidité tropicale, aux reflets argentés et piqué de pigments ambrés. Au premier coup d’œil, le spectateur a l’impression que la petite plante gracieuse, qui jaillit miraculeusement de la roche d’antan, est reliée par un filet d’eau à un galet brillant. Poli par des flots, son cœur est couleur rubis, serti de raies blanches et mordorées. En s’approchant, l’observateur reconnaît une pierre de Nanjing, appelée aussi pierre de fleur de pluie (雨蘤石). Lisant l’intitulé de l’épreuve, « Les mémoires de la pierre » (石頭記), il comprend que cette mise en scène se réfère au roman de Cao Xueqín du même titre, plutôt connu en France sous le nom du Rêve dans le pavillon rouge. « Il s’agit de l’œuvre littéraire chinoise classique la plus remarquable, » estime le photographe à l’esprit imaginatif. La pierre fleur de pluie évoque le roc que le héros de la saga, Jia Jade Magique (賈寶玉), incarnait dans une vie intérieure avant de le porter à son cou. La jolie plante, quant à elle, représente l’incarnation de l’amour (impossible) de ce dernier, Lin Jade sombre (林黛玉). Photo 8 : 08/12/2024 Chan Yue Hin dans son atelier de Lam Tsuen, derrière une sculpture de chouette (vue de face) en camphre, Atelier de Lam Tsuen Photo 9 : 08/12/2024 La sculpture de chouette en camphre devient un Philautus, vue de biais Photo 10 : 08/12/2024 La sculpture de chouette en camphre devient un Philautus, vue de derrière Photo 11 : 08/12/2024 La sculpture d’éléphant en camphre devient un oiseau, vue de derrière, Atelier de Lam Tsuen Photo 12 : 16/11/2024 Profil de tête de cop sculpté en camphre, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 13 : 16/11/2024 Insecte, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 14 : 16/11/2024 L’oiseau de feu (de Stravinsky) Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 15 : 16/11/2024, Serpent du jardin d’Eden, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Le compositeur s’amuse à tisser des liens entre les éléments qu’il pioche dans la nature et des références culturelles tant chinoises qu’occidentales. Il ne se prive d’ailleurs pas de lancer quelques clins d’œil espiègles à la culture française. Un exemple en est la sculpture du profil, bordé de rouge, d’une tête de coq à l’iris bleu entouré de blanc. D’autres représentations animales captivent, un éléphant au dos d’oiseau, une chouette épousant une silhouette de Philautus (la grenouille de Hong Kong) dès lors qu’elle est regardée de biais. Celles-ci sont en bois de camphre, tandis que le serpent doré du jardin d’Eden, qui apparaît dans plusieurs œuvres, est en bois d’olivier. « J’affectionne ce bois solide, au parfum doux, qui me rappelle la France. Un bel olivier grandissait dans mon jardin. Malheureusement, il a été déraciné par le typhon dévastateur de 2018. Depuis, j’utilise ses branches pour mes créations, » explique le Hongkongais attaché à l’Hexagone, où il voyage une à deux fois par an. Photo 16 : 16/11/2024 Représentations de la pluie, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 17 : 16/11/2024 Représentation de la mer, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 18 : 16/11/2024 Représentation du clair de lune, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 19 : 16/11/2024 Représentation de la porte du paradis, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 20 : 16/11/2024, Représentation de la chanson des Beatles « All you need is love », Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 21 : 16/11/2024, Représentations des « 4 saisons » (Vivaldi) et de la Symphonie n°5 de Beethoven, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Un autre élément récurrent de son œuvre est la pomme (en camphre) « symbole de la connaissance », teinte en rouge « pour l’esthétique. J’aime les couleurs du fauvisme, vives, intenses de Matisse, » précise-t-il. Son goût pour l’intensité se retrouve dans le bleu profond appliqué en arrière-plan de ses compositions pour peindre l’immensité de la mer et du ciel. Ce bleu outremer est d’une telle puissance qu’il semble chasser la pluie que l’artiste représente avec des pierres de fleur de pluie, suivant les lignes du caractère chinois 雨 (signifiant pluie). « La pluie, l’eau du ciel, provient des nuages. Cependant, derrière eux, le beau temps demeure, » constate Chan Yue Hin. Une manière simple et poétique de transmettre un message optimiste. Par E.M. à Hong Kong Chronique simultanément publiée sur le site https://www.lessoireesdeparis.com/ édité par Philippe Bonnet Visiter l’atelier de Chan Yue Hin : Contact : +852 9179 8983 ARTISTE : Le nouveau maître de l’indigo de Hong Kong, Eric Lam restaure et perfectionne d’anciennes pratiques ancestrales de coloration naturelle. Le bleu Hakka (客家藍, « haak gā làahm » en Cantonais), l’indigo local de Hong Kong, vit une seconde jeunesse sous l’impulsion du jeune Maître of Dye (Maître de la Teinture), Eric Cheung Chun-Lam, fondateur de Dyelicious. C’est dans son studio, au Jockey Club Creative Arts Centre (JCCAC) de Shek Kip Mei (New Kowloon), que le travail des pigments issus de la fermentation (dans l’eau) des feuilles d’indigotier, tombé en désuétude durant le règne du synthétique, retrouve ses lettres de noblesse. A l’intérieur du grand espace aéré, éclairé harmonieusement par la lumière du soleil, filtrée par le feuillage des banians, les artisans qui partagent la passion d’Eric Lam s’activent. Leurs mains bleuies par la teinture témoignent d’un labeur sans relâche. Dès sa création en 2012, Dyelicious, société soucieuse de l’environnement, a mis un point d’honneur à promouvoir le remplacement des produits chimiques industriels par l’utilisation de colorants naturels. Composée à ce jour de 6 personnes à temps plein, elle élabore, teste et enseigne avec ardeur de nouvelles méthodes de teinture dédiées à l’art et à l’éco-impression. Photo 1 : 22/08/2024 Eric Lam, Maître of Dye, exposition de batiks, Arts & Crafts (PMQ) Photo 2 : 26/11/2024 Eric Lam, Maître of Dye, au studio de Dyelicious, JCCAC Photos 3 et 4 : 26/11/2024 Eco-impressions au studio de Dyelicious, JCCAC Photo 5 : 26/11/2024 Entrée du studio de Dyelicious, JCCAC Ce projet ambitieux de perfectionner d’anciennes pratiques de coloration naturelle, grâce à la science et à des séries de d’expérimentations, a le vent en poupe. Chaque année, Dyelicious conquiert le cœur de plus en plus d’aficionados, accueillis chaleureusement dans ses locaux. Elle séduit des artistes du monde entier, à Taiwan, en Corée du Sud, au Japon, au Royaume Uni, en Italie, etc. Dépassant le stade de la simple curiosité, ceux qui désirent apprendre les techniques modernes d’application de l’indigo hongkongaise sont de plus en plus nombreux. C’est en 2016 qu’Éric Lam, « ingénieur et chimiste avant d’être artiste, » comme il se définit lui-même, a initié les premières recherches sur la culture locale de l’indigo, celle développée, jadis, par les Hakkas. Cette ethnie chinoise issue des Han, installée au Port au Parfum depuis le 17ième siècle, s’était principalement investie dans l’agriculture et le négoce des matières premières. A partir des années 60, en phase avec la montée en puissance de l’industrialisation, cette population a modifié son mode de vie, abandonnant sa coutume de teinter au bleu naturellement. Véritable retour aux sources, les premières investigations du fondateur de Dyelicious, ont porté autant sur les pratiques agricoles que sur celles d’extraction et de conception des pigments. Ces études des techniques traditionnelles de teinture développées par les Hakkas de Hong Kong se poursuivent encore, menées par l’académie ad hoc de Dyelicious, la Dyelicious Academy. Riche d’enseignements, cette immersion dans les anciens savoir-faire locaux a ouvert de nouveaux horizons au Maître of Dye. Son champ artistique s’en est trouvé démultiplié : « La teinture obtenue à partir de l’indigotier de Hong Kong permet de créer une palette de nuances de bleu élargie. Les tons produits se différencient nettement de ceux venant des autres espèces, indienne, japonaise, ou taïwanaise » décrit Eric Lam. Les bleus Hakka, intenses et lumineux, peuvent revêtir une couleur tendre et douce. Photo 6 : 26/11/2024 Cycle de fabrication du Bleu Hakka, Dyelicious, JCCAC Photo 7 : 26/11/2024 Plante d’Assam Indigo, Dyelicious, JCCAC Photo 8 : 26/11/2024 - Logo DIY de l’indigo local, Dyelicious, JCCAC Photo 9 : 27/11/2024 Nuances du Bleu Hakka sur une étole de Dyelicious Photo 10 : 26/11/2024 Echantillons de vêtements Bleu Hakka, Dyelicious, JCCAC L’espèce à l’origine de ces teintes typiques est le Strobilanthes cusia, appelée aussi Assam Indigo. « Nous ne savons pas si elle a été importée par les Hakkas dans la région ou si elle y poussait déjà, » s’interroge Eric Lam. Plante vivace qui affectionne l’ombre des montagnes, les rivières et le climat tropical, l’Assam Indigo peut se récolter deux à trois fois par an, en mai, en août ou fin octobre. « Le meilleur moment pour les cueillir demeure l’été. Une fois que la température descend au-dessous des 15 degrés, en décembre, les plantes fleurissent puis les couleurs s’estompent » détaille l’artiste chercheur qui participe activement à la relance de cette culture : « Plusieurs fermes locales situées dans les Nouveaux Territoires sont nos partenaires. Sans leur existence, le bleu Hakka disparaîtrait à tout jamais. » Pour l’heure, le bleu de Hong Kong rayonne grâce à la participation de Dyelicious à des expositions locales, tel Art Basel, et internationales. Justement, le Maître of Dye vient de remporter la médaille de bronze - en qualité de candidat étranger le plus haut classé - de la 19ième édition coréenne de la compétition « Natural Dyeing Product » (Produit de teinture naturelle), sur le thème « Coexistence of humanity and nature – a journey of memories » (Coexistence de l’humanité et de la nature – un voyage de souvenirs ». Son ombrelle aux motifs indigo décrivant magnifiquement divers quartiers de Hong Kong a conquis le jury. Photo 11 : Ombrelle teinte au Bleu Hakka, réalisée par le Maître of Dye, Eric Lam Photo 12 : 22/08/2024 Exposition de batiks du Maître of Dye, Arts & Crafts (PMQ) Photos 13, 14 et 15 : 26/11/2024 Batik bleu Hakka, Dyelicious, JCCAC Le talent d’Eric Chan n’a pas fini d’émerveiller. Son exploration du monde bleu ne fait que commencer : « Le projet de révéler le bleu Hakka naturel est celui de toute ma vie, » affirme-t-il. « Pour créer son originalité, il faut être tenace, se concentrer, ne pas abandonner au moindre obstacle. Il faut redoubler d’effort tout en acceptant que les choses prennent du temps. » A l’image des grands maîtres japonais qui s’adonnent à leur art toute leur vie durant, avec de surcroît l’habitude de transmettre leurs techniques artisanales de génération en génération, « il faut sans cesse perfectionner les techniques ancestrales, tout en les adaptant à l’époque moderne, » conclut le futur grand Maître of Dye. Par EM à Hong Kong Chronique simultanément publiée sur le site https://www.lessoireesdeparis.com/ édité par Philippe Bonnet Particuliers et entreprises, contactez Dyelicious pour visiter son studio, découvrir ses échantillons, ou participer à ses ateliers : Dyelicious : LO-04, G/F, JCCAC, 30 Pak Tin Street, Shek Kip Mei, Hong Kong http://dyelicious.hk +852-9858-3616 Réserver une visite : https://www.dyelicious.hk/bookonline Facebook: https://fb.com/dyelicioushouse Instagram: https://www.instagram.com/dyelicioushouse/ Youtube: https://www.youtube.com/user/Run2TreeStudio/videos MUSEE DE LA MARINE DE HONG KONG : Naviguant d’une collection à l’autre, le visiteur s’embarque, tel un explorateur, pour un voyage palpitant dans le temps. En quête d’une odyssée extraordinaire ? Rendez-vous sur le quai numéro 8 (Central Pier 8) pour embarquer à bord du Hong Kong Maritime Museum (HKMM, Musée de la marine de Hong Kong). Naviguant d’une collection à l’autre, chacune relatant un fragment du riche héritage marin du Port au Parfum, vous vivrez un voyage dans le temps époustouflant, avec en toile de fond, des jonques aux voiles tendues par des bambous, des pipes et jars à opium, des porcelaines de Chine, des peintures épiques témoignant de l’activité des Compagnies des Indes orientales, des manuscrits contant des histoires de pirates, etc. Sillonner la mer de Chine d’une dynastie à l’autre, puis jeter l’ancre au turbulent Victoria Harbour étourdit, parfois au risque de perdre le cap. Photo 1 : 08/11/2024 Extérieur du HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le Photo 2 : 08/11/2024 Entrée du HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le D’ailleurs, n'est-ce pas le moment opportun de faire le point, tandis que la Semaine Maritime 2024 de Hong Kong (Hong Kong Maritime Week 2024) s’ouvre. Ce rendez-vous annuel de toute la filière navale (du 17 au 23 novembre) se destine à tirer les leçons du passé, analyser le présent, deviner le futur pour mieux propulser (« to propel » lit-on sur sa description officielle https://www.hkmw.hk/en/aboutus.html ) Hong Kong sur une route florissante, avec son étendard, flottant au vent, de Place internationale prestigieuse. A ce propos, en flânant sur le pont C (Deck C) du HKMM qui dépeint l’histoire navale chinoise depuis la dynastie des Song (960 à 1279), le visiteur est invité à se souvenir que Hong Kong n’a pas toujours été ouvert au négoce avec l’Occident. Avant le traité de Nankin, signé le 29 août 1842 entre l’Empire du Milieu et la Grande-Bretagne à l’issue de la première guerre de l'opium, le seul port de Chine autorisé à commercer avec les étrangers était celui de Canton. Encore fallait-il respecter un ensemble de règles instaurées par l’Empereur Qianlong en 1757, appelé le « Système de Canton » (en vigueur jusqu’à 1842). Photo 3 : 08/11/2024 Carte du 19ieme, estuaire de la Rivière des Perles au HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le Photo 4 : 08/11/2024 Navire, négoce d'opium, Lintin, 1824 , William John Huggins au HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le Photo 5 : 08/11/2024 Chaise de véranda chinoise 19ieme, bambou et rotin, au HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le Photo 6 : 08/11/2024 Affiche publicitaire, Grande Bretagne, 1894 au HK Maritime Museum - ©Keih Saht Le La dynastie Qing désignait des sociétés marchandes gérantes - contre une chère redevance payée à l’Etat - de tout le commerce entrant sur le Continent chinois. La mission de cette guilde monopoliste, surnommée par les Occidentaux « cohong » (déformation du mot gonghang, signifiant « marchand officiellement agréé »), était de se porter garante de chaque navire étranger (personnel compris) qu’elle autorisait à entrer dans le port de Canton. Dès qu’un vaisseau obtenait la permission de mouiller à Whampoa (aujourd'hui le district de Huangpu de Guangzhou), marchands et marchandises étaient transportés par des sampans sur un canal étroit. Ils rejoignaient enfin les « Treize Hongs », c’est-à-dire les 13 entrepôts des Cohongs, situés à l’extérieur des murs de la ville, où ils étaient confinés. Malgré moult obstacles, des restrictions et taxes changeantes, des rencontres avec les fameux pirates de Lintin (île à l’estuaire de la Rivière des Perles proche de Hong Kong et Shenzhen), des épidémies, des tempêtes, les négociants occidentaux voulaient accoster coûte que coûte, tant ce commerce avec la Chine du Sud était juteux. Par exemple, les marchands britanniques vendaient l’opium importé de leur colonie indienne en contrebande pour contourner son bannissement du territoire chinois, par un décret dès 1729. Ils le troquaient contre des lingots d’argent, échangés à leur tour contre de la soie, de la porcelaine et du thé dont l’Angleterre était fort friande. D’environ 2 000 kg par an à la fin du 17ième siècle, les importations de thé vers la Grande Bretagne atteignirent 42 millions de kg en 1855 ! En désaccord concernant le trafic d’opium, les deux partenaires commerciaux entrèrent en guerre. Le Port au Parfum devint britannique en 1842 puis fut rétrocédé à la République Populaire de Chine le premier juillet 1997. Photo 7 : 08/11/2024 Vue du HK Maritime Museum sur le Victoria Harbour d’aujourd’hui - ©Keih Saht Le
Photo 8 : 08/11/2024 Vue du HK Maritime Museum sur le Victoria Harbour d’hier et d'aujourd’hui - ©Keih Saht Le Au 19ième siècle, Hong Kong qui n’abritait encore que quelques villages de pêcheurs et d’agriculteurs, n’en demeurait pas moins l’un des ports naturels les plus prometteurs de toute la région. Sa population de 3 000 à 4000 habitants (à comparer à 7,5 millions environ aujourd’hui) s’enorgueillissait déjà d’une culture maritime et des affaires aiguisée, négociant matières premières, céramiques et poissons. Pour découvrir la suite de cette histoire portuaire fulgurante, le visiteur grimpe l’escalier qui conduit au Pont B (Deck B) du HKMM et entre dans la zone dédiée à la construction navale. Se frayant un chemin au milieu de cette bibliothèque impressionnante de photos témoins de l’évolution constante de l’infrastructure portuaire, de la conception des navires et de leur utilisation, le pèlerin, mis dans la peau d’un marin hongkongais, constatera que la vie du Port au Parfum n’a jamais été un long fleuve tranquille. Balloté par diverses crises, Hong Kong a toujours su renaître, tel le Phénix. Aujourd’hui, la course à la modernité chinoise et internationale lui lance un nouveau défi, celui de naviguer « vert », sur une mer bleue et propre, autrement dit de virer de bord en vue d’une mutation radicale pour polluer le moins possible. Par EM à Hong Kong Chronique simultanément publiée sur le site https://www.lessoireesdeparis.com/ édité par Philippe Bonnet EXPRESSION CANTONAISE : « Hek dāk fú jūng fú, fōng wàih yàhn seuhng yàhn » - « Celui qui est capable d’avaler ce qui est de plus amer parviendra au sommet de la société. » 35 degrés Celsius, un taux d’humidité de 80%, un ciel plombé, pas un souffle de vent, l’orage couve. Néanmoins, bravant la moiteur, vous rejoignez vos compagnons de course à pied sur la piste d’entraînement de l’hippodrome de Happy Valley. Vous n’avez pas commencé à courir que vous transpirez déjà à grosses gouttes. Sans vous départir pour autant de votre sens de l’humour, vous lancez à vos camarades de souffrance : « Hek dāk fú jūng fú, fōng wàih yàhn seuhng yàhn », soit « Celui qui est capable d’avaler ce qui est de plus amer parviendra au sommet de la société. » La première partie de cet idiome, « Hek dāk fú jūng fú », décrit un supplice double. Synonyme de « goût amer », « d’épreuve », de « souffrance » et « d’épuisement lié à l’effort », le mot « fú » (苦) est renforcé par « jūng » (中) qui signifie « le milieu ». En d’autres termes, « pour atteindre le faîte de la pyramide sociétale » (« fōng wàih yàhn seuhng yàhn »), il faut être « capable de manger » (« hek dāk ») l’amer du cœur de l’amer, « fú jūng fú », c’est-à-dire l’amer le plus amer ! Rassurez-vous, en l’an 2024, la leçon de ce vieux proverbe chinois, soumise à l’épreuve du temps, n’est plus prise au pied de la lettre. S’imposer de souffrir le calvaire pour grimper les échelons de la société est un concept tombé en désuétude. Au lieu du calice de l’amertume, les jeunes Hongkongais s’autorisent à savourer leur boisson crémeuse préférée, le « Yuenyeung » (prononcée « yūn yēung », 鴛鴦), mélange de café, de thé noir, de lait concentré et de sucre. Chaud ou froid, ce breuvage se boit en famille, avec des amis ou au bureau, avec des collègues. Lors de cette pause gourmande, il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre le mot « fú » de l’expression « sān fú léih la » (辛苦你啦), soit « merci pour votre travail pénible ». A Hong Kong, loin d’être perdue, la notion du « travailler très dur » (« hóu sān fú », 好 辛苦) continue d’être respectée, avec comme récompense à la clé l’espoir d’un mode de vie plus confortable. « On n’a rien sans rien, » conclurait-on dans la langue de Molière. Par EM à Hong Kong Photo : 28/05/2019 Piste de course de l’hippodrome de Happy Valley - ©Keih Saht Le Lexique : Hek : Manger 吃 Dāk : Pouvoir, être capable de, possible 得 Fú : Amer, épreuve, souffrance, épuisement lié à l’effort 苦 Jūng : Milieu, centre, cœur, noyau 中 Fōng : Ensuite, dans un second temps (qui peut se remplacer par « sīn » dans le langage courant) 方 Sīn : D’abord puis, premièrement ensuite 先 Wàih : Devenir (qui peut se remplacer par « jauh » dans le langage courant) 為 Jauh : Dans ce cas alors, dans ces circonstances, transformation en conséquence 就 Yàhn : Homme, une personne 人 Yàhn seuhng yàhn : Le plus haut placé dans l’échelle sociale 人上人 « Sān fú léih la » : « Merci pour votre travail pénible » 辛苦你啦 Sān : Goût âcre 辛 Léih : Tu, toi 你 Hóu : Bien, beaucoup, très 好 « Hóu sān fú » : « Travailler très dur » 好 辛苦 Yūn yēung : Boisson Yuenyeung, couple de canards mandarins 鴛鴦 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
EXPRESSIONS CANTONAISES : « Siu dou sei maahn, gám ge háu » - « Sourire comme la tuile de mah-jong 四萬 » / « sourire jusqu’aux oreilles » - « Siu dou gin ngàh, mh gin ngáahn » En France, « on sourit jusqu’aux oreilles ». Telle est la description du mouvement impulsif des lèvres provoqué par la joie, qui réhausse les joues. Cet élan joyeux transforme le visage tout entier. « Un sourire aux lèvres, ça éclabousse sur la frimousse (…) » chantonnait Maurice Chevalier. A Hong Kong, la description d’un grand sourire est plus théâtrale, plus imagée, un brin comique. Pour dépeindre cette expression de grand contentement, on dit « Siu dou gin ngàh, mh gin ngáahn » soit, « sourire jusqu’à découvrir les dents, empêchant de voir les yeux ». Révélant toute la dentition, un sourire éclatant est tellement large qu’il masque les yeux. En Chine, les dents du sourire sont une vraie source d’inspiration. Les joueurs ardents de Mah-jong (originaire du delta du fleuve Yangtze) les imaginent même dessinées sur les tuiles comportant l’inscription « 四萬 », combinaison de deux caractères qui se prononce « sei maahn » et signifie « quarante mille ». Selon les aficionados du jeu, les lignes du « 四 », déformées lors de leur incrustation sur la tuile de Mah-jong (en os de bœuf, en ivoire ou en plastique), ressemblent au dessin d’une bouche grande ouverte. A sa vue, les Cantonais pensent d’emblée à un état rieur. Afin de le décrire, ils disent donc « Siu dou sei maahn, gám ge háu », littéralement « Sourire comme la tuile 40 000, en forme de bouche ». Si vous perdez votre partie de Mah-jong, n'égarez pas votre sourire pour autant. Il faut le « garder aux lèvres pour voir la vie d’un petit air allègre » (selon Maurice Chevalier). Alors, rappelez-vous régulièrement des dents du « 四萬 » : A la longue, cette tuile pourrait bien devenir votre porte-bonheur. Par EM à Hong Kong Photo : 10/10/ 2024 Jeu de Mah-jong, tuile 四萬 - ©Keih Saht Le Lexique : Siu : Sourire 笑 Dou : Atteindre, jusqu’à 到 Gin : Voir, rencontrer 見 Ngàh : Dent 牙 Mh : Ne pas (expression de la négation au présent) 唔 Ngáahn : Œil 眼 Sei : Quatre 四 Maahn : Dix mille 萬 Sei Maahn : Quarante mille 四萬 Gám ge : Comme, de telle sorte que 噉嘅 Háu : Bouche 口 Màh jéuk : Mah-jong 麻雀 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
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Mars 2025
Mots-clés :
Expression cantonaise
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