EXPRESSION CANTONAISE : « Mī mī mō mō » - « Lambiner » Une fois n’est pas coutume. Aujourd’hui, vous vous présentez pile à l’heure au rendez-vous fixé avec votre amie Hongkongaise. Or, vous ne la trouvez point. Contrairement à ses habitudes d’arriver avec un quart d’heure d’avance, celle-ci fait irruption avec deux minutes de retard, essoufflée. Après s’être excusée platement, elle confesse, usant d’autodérision. Ce matin, elle a « mī mī mō mō » (咪咪嚒嚒), elle a lambiné. Les tâches ordinaires de la vie courante se sont effectuées « maahn maahn dī », « plus lentement » que d’habitude. Usité gentiment pour se moquer de sa propre paresse, « mī mī mō mō », en revanche, se transforme en critique lorsqu’il s’agit de décrire la lenteur exaspérante de quelqu’un d’autre. « Mī mī mō mō » n’a pas de traduction littérale. Cette expression s’écoute comme une chanson espiègle, rythmée des deux sonorités « mī mī » et « mō mō ». Tandis que « mō mō » ne se réfère à rien de particulier, « mīmī » (咪咪) indique (en Mandarin comme en Cantonais) le miaulement du « chat » (« māau », 貓), figurant ainsi parmi les prénoms les plus populaires des félins domestiqués. Sinon, la coutume veut de les appeler en décrivant la couleur de leur pelage. Le chat tigré ou zébré est nommé « Síu fā » (« Petite fleur », 小花), le noir et blanc « Nāai ngàuh » (« Vache laitière », 奶牛), celui à trois couleurs, « Sāam fā » (« Trois fleurs », 三花). Le minou tout blanc se prénomme « Síu baahk » (« Petit blanc », 小白), le tout noir, « Síu hāk « (« Petit noir », 小黑) et le roux, « Síu wòhng » (« Petit jaune », 小黃). Bien que les refuges dédiés aux chats abandonnés soient actuellement pleins à craquer pour de multiples raisons (restrictions budgétaires à cause du marasme économique, coûts des soins vétérinaires, fermetures d’animaleries, expatriations), les matous des rues du Port au Parfum sont des stars des réseaux sociaux. Touristes et locaux ne cessent de les photographier. Bien nourris pour la plupart, ils jouent, se prélassent ou gardent fièrement leur territoire autour des boutiques de quartier et des étals des marchés. Les minets de Hong Kong ont gagné l’affection de tous depuis longtemps, non seulement parce qu’ils accomplissent avec brio leur mission d'effrayer les rats affamés, mais aussi parce qu’ils sont jugés mignons unanimement. Il suffit d’ajouter « māau » (« chat ») à la fin d’une expression de reproche pour qu’elle devienne amicale, empreinte de tendresse. Par exemple, alors que « wàih sihk » (為食) signifie goinfre, « wàih sihk māau ! » prend le sens de gourmand, sous-entendant que la personne à qui s’adresse cette interjection est aussi adorable que les minets dodus traités régulièrement de friandises. Dans la société hongkongaise, les amoureux des chats se comptent par milliers, autant attachés à leur compagnon domestique que Victor Hugo, qui déclarait « Dieu a inventé le chat pour que l’homme ait un tigre à caresser chez lui. » Par EM à Hong Kong Photo : 03/10/2022 Mid-Levels - ©Keih Saht Le Lexique : Māau : Chat 貓 Maahn : Lentement 慢 Maahn Maahn dī : Plus lentement 慢慢啲 Wàih : Vers, dans la direction, pour, par, vis-à-vis, peut impliquer une forme passive 為 Sihk : Manger 食 Wàih sihk : Glouton, goinfre 為食 Wàih sihk māau : Gourmand, gourmet 為食貓 Wū jōu : Sale, crasseux, malpropre 污糟 Wū jōu māau ! : A la fois sale et mignon 污糟貓 * A employer sur un ton rigolard, empli d’affection. Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.htm
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Mai 2025
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Expression cantonaise
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