EXPRESSION CANTONAISE : « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » - « Ecoute ta femme parler et tu seras prospère. » Voici une maxime cantonaise qui tombe à pic pour tous ceux qui ont inscrit « Paix des ménages » sur leur « bucket list » (liste des choses à réaliser) pour l’année du serpent de bois, qui débutera officiellement le 29 janvier 2025. Coïncidence, la sonorité de ce conseil éprouvé de sagesse ancienne « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » (« Ecoute les paroles de ta femme et tu seras prospère ») a un petit air de famille avec celle d’un vœu de nouvel an lunaire. Il se trouve que le « faat » (發) de « faat daaht » (prospère, fortuné) est le même que celui de « faat choih » (devenir riche, faire fortune) de « Gung hei faat choih ! » pour « Vœux de fortune ! ». Ces souhaits de bonheur s’adressent à tout un chacun dès le premier jour de célébration du festival du printemps (premier jour du premier mois du calendrier lunaire chinois). En l’occurrence, « Ting lóuh pòh wah, wuih faat daaht » est une version plus littéraire de l’expression habituellement entendue à Hong Kong : « Pa lóuh pòh, wuih faat daaht », qui signifie « Crains ta femme, et tu seras heureux. » Dans le langage courant, l’avertissement donné à la gent masculine est nettement plus explicite. Rappelons qu’au Port au Parfum, traditionnellement, c’était la femme qui tenait les cordons de la bourse. A la moindre incartade, l’homme risquait d’être privé d’argent de poche. Depuis, les temps ont changé. Même si, sans doute, certains continuent d’y réfléchir à deux fois, « Pa lóuh pòh, wuih faat daaht » se dit surtout en plaisantant. Tandis que l’homme a conquis le droit de rire de ces mots, tel n’est pas le cas, en revanche, des enfants insolents remis dans le droit chemin par les deux injonctions « Ting wah le ! » - traduite littéralement par « Ecoute ! » ou « Sois sage » - et « Gwái gwái déi ! » équivalente à « Reste tranquille » ou « Sois calme ». Voici donc quelques expressions qui permettront d’aborder une nouvelle année du serpent de bois prospère, sereine, et en parfaite harmonie avec son entourage. Par EM à Hong Kong Photo: 04/05/2022 Cyclophiops major (Serpent vert), Pok Fu Lam - ©Keih Saht Le Quelques formules de vœux pour se préparer à la nouvelle année lunaire chinoise : Gūng héi faat chòih ! : Vœux de fortune ! 恭喜發財 Sān tái gihn hōng : Soyez en bonne santé ! 身體健康 Daaih gāt daaih leih : Vœux de bonne chance ! 大吉大利 Sām séung sih sìhng : Que tous vos souhaits se réalisent ! 心想事成 Gūng jok seuhn leih : Que le travail soit fructueux et harmonieux ! 工作順利 Lexique : Ting : Ecouter 聽 Lóuh pòh : Epouse 老婆 Wah : Parler 話 Wuih : Expression du temps au futur 會 Faat daaht : Florissant, prospère 發達 Faat : Prospérer, s’enrichir 發 Chòih : Argent, richesse 财 Faat chòih : Devenir riche, faire fortune 發財 Gūng héi : Souhaiter, Féliciter 恭喜 Gūng héi faat chòih ! : Vœux de fortune ! 恭喜發財 Pa : Craindre 怕 Gwái : Etre à la fois calme et gentil, avoir un comportement exemplaire 姽 Gwái Gwái Déi ! : Soyez calmes et gentils ! 姽姽哋 Jongler avec les mots : https://www.keihsahtle.com/jongler-avec-les-mots.html
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ARTISTE : Inspiré par les espaces naturels, le photographe et sculpteur, Chan Yue Hin, nous invite à flâner avec délectation dans son univers enchanteur. L’art souriant du photographe et sculpteur, Chan Yue Hin, raisonne comme une poésie à la musicalité pétillante. Une irrésistible joie de vivre, rafraîchissante et réconfortante, transpire de la plupart de ses œuvres. Sans doute reflètent-elles l’allégresse de l’artiste lorsqu’il est plongé tout entier dans son élément, la nature, sa source d’inspiration première. « J’ai besoin d’espace. Quatre choses sont très importantes pour moi, les beaux-arts, la nature, la verdure et la tranquillité, » confie-t-il. Naturellement, au lieu de vivre en ville, Chan Yue Hin a pris ses quartiers dans le village de Lam Tsuen, au cœur de la campagne bucolique de Tai Po (Nouveaux Territoires). C’est ici, loin des gratte-ciels, qu’il s’est installé après avoir vécu vingt ans en France, diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dans les années 70. Son atelier se situe dans le parc de sa maison ancestrale, havre de paix fleuri en toute saison, qu’il a lui-même agencé avec une délicate harmonie. Propice à la rêverie créative, ce refuge fait également office de musée intimiste. Chaleureux, l’artiste hongkongais qui parle le Français couramment, est ravi d’introduire à son univers enchanteur les visiteurs en quête de respiration, à l’écart du tumulte urbain. Rompant avec ses habitudes, Chan Yue Hin s’est toutefois rendu dans le quartier vibrant de Wan Chai au Hong Kong Arts Centre en novembre (2024), à l’occasion de sa première exposition auprès du public du Port au Parfum, appelée « Flânerie dans la nature » (en Anglais, « Contemplation in nature », en Cantonais 閑觀, « hàahn gūn » signifiant « Voir en flânant »). Photo 1 : 16/11/2024 Chan Yue Hin, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 2 : 08/12/2024 Chan Yue Hin, atelier de Lam Tsuen Photo 3 : 16/11/2024 Photographie et sculpture en olivier, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 4 : 16/11/2024 Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 5 : 16/11/2024 Photographie « Les mémoires de la pierre », Hong Kong Arts Centre Photo 6 : 16/11/2024 Photographies, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 7 : 16/11/2024 Photographies d’orchidées et champignon, - Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Offrant un aperçu du travail prolifique de l’artiste durant les trois années de la pandémie de Covid-19, celle-ci a révélé 80 pièces de sa riche collection. Le flâneur citadin a pu y contempler des photographies lumineuses soulignant l’esthétique de la faune et de la flore de l’homme en symbiose avec la nature qui l’entoure, des sculptures en bois expressives aux formes surgissant du vivant, ainsi que des compositions pittoresques conçues à partir de coquillages, de céladons de Longquan, de céramiques antiques. L’une des photographies maîtresses interpelle, celle d’un mur rugueux longtemps travaillé par l’humidité tropicale, aux reflets argentés et piqué de pigments ambrés. Au premier coup d’œil, le spectateur a l’impression que la petite plante gracieuse, qui jaillit miraculeusement de la roche d’antan, est reliée par un filet d’eau à un galet brillant. Poli par des flots, son cœur est couleur rubis, serti de raies blanches et mordorées. En s’approchant, l’observateur reconnaît une pierre de Nanjing, appelée aussi pierre de fleur de pluie (雨蘤石). Lisant l’intitulé de l’épreuve, « Les mémoires de la pierre » (石頭記), il comprend que cette mise en scène se réfère au roman de Cao Xueqín du même titre, plutôt connu en France sous le nom du Rêve dans le pavillon rouge. « Il s’agit de l’œuvre littéraire chinoise classique la plus remarquable, » estime le photographe à l’esprit imaginatif. La pierre fleur de pluie évoque le roc que le héros de la saga, Jia Jade Magique (賈寶玉), incarnait dans une vie intérieure avant de le porter à son cou. La jolie plante, quant à elle, représente l’incarnation de l’amour (impossible) de ce dernier, Lin Jade sombre (林黛玉). Photo 8 : 08/12/2024 Chan Yue Hin dans son atelier de Lam Tsuen, derrière une sculpture de chouette (vue de face) en camphre, Atelier de Lam Tsuen Photo 9 : 08/12/2024 La sculpture de chouette en camphre devient un Philautus, vue de biais Photo 10 : 08/12/2024 La sculpture de chouette en camphre devient un Philautus, vue de derrière Photo 11 : 08/12/2024 La sculpture d’éléphant en camphre devient un oiseau, vue de derrière, Atelier de Lam Tsuen Photo 12 : 16/11/2024 Profil de tête de cop sculpté en camphre, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 13 : 16/11/2024 Insecte, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 14 : 16/11/2024 L’oiseau de feu (de Stravinsky) Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 15 : 16/11/2024, Serpent du jardin d’Eden, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Le compositeur s’amuse à tisser des liens entre les éléments qu’il pioche dans la nature et des références culturelles tant chinoises qu’occidentales. Il ne se prive d’ailleurs pas de lancer quelques clins d’œil espiègles à la culture française. Un exemple en est la sculpture du profil, bordé de rouge, d’une tête de coq à l’iris bleu entouré de blanc. D’autres représentations animales captivent, un éléphant au dos d’oiseau, une chouette épousant une silhouette de Philautus (la grenouille de Hong Kong) dès lors qu’elle est regardée de biais. Celles-ci sont en bois de camphre, tandis que le serpent doré du jardin d’Eden, qui apparaît dans plusieurs œuvres, est en bois d’olivier. « J’affectionne ce bois solide, au parfum doux, qui me rappelle la France. Un bel olivier grandissait dans mon jardin. Malheureusement, il a été déraciné par le typhon dévastateur de 2018. Depuis, j’utilise ses branches pour mes créations, » explique le Hongkongais attaché à l’Hexagone, où il voyage une à deux fois par an. Photo 16 : 16/11/2024 Représentations de la pluie, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 17 : 16/11/2024 Représentation de la mer, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 18 : 16/11/2024 Représentation du clair de lune, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 19 : 16/11/2024 Représentation de la porte du paradis, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 20 : 16/11/2024, Représentation de la chanson des Beatles « All you need is love », Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Photo 21 : 16/11/2024, Représentations des « 4 saisons » (Vivaldi) et de la Symphonie n°5 de Beethoven, Exposition « Flânerie dans la nature », Hong Kong Arts Centre Un autre élément récurrent de son œuvre est la pomme (en camphre) « symbole de la connaissance », teinte en rouge « pour l’esthétique. J’aime les couleurs du fauvisme, vives, intenses de Matisse, » précise-t-il. Son goût pour l’intensité se retrouve dans le bleu profond appliqué en arrière-plan de ses compositions pour peindre l’immensité de la mer et du ciel. Ce bleu outremer est d’une telle puissance qu’il semble chasser la pluie que l’artiste représente avec des pierres de fleur de pluie, suivant les lignes du caractère chinois 雨 (signifiant pluie). « La pluie, l’eau du ciel, provient des nuages. Cependant, derrière eux, le beau temps demeure, » constate Chan Yue Hin. Une manière simple et poétique de transmettre un message optimiste. Par E.M. à Hong Kong Chronique simultanément publiée sur le site https://www.lessoireesdeparis.com/ édité par Philippe Bonnet Visiter l’atelier de Chan Yue Hin : Contact : +852 9179 8983 |
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Janvier 2025
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