Hong Kong FinTech Week 2024 : Cet événement tentaculaire démontre la légitimité du Port au Parfum dans les technologies de la finance et insuffle à la filière un nouvel élan. « Mettre en lumière les nouvelles voies de la Fintech » (« Illuminating New Pathways in Fintech »). Telle était l’ambition de la Hong Kong FinTech Week 2024 qui s’est tenue à l’AsiaWorld-Expo (du 28 octobre au premier novembre). Prodigieusement dense, le programme de conférences a illustré avec pertinence la présence d’exposants venus du monde entier pour présenter des technologies parfois renversantes. Huit thèmes - Le chiffre 8 symbolisant en Chine bonne fortune et richesse a-t-il été choisi au hasard ? - ont été mis à l’honneur, ceux de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), de la blockchain (des chaînes de blocs), des actifs digitaux, des moyens de paiements digitaux transfrontaliers, de la Fintech (nouvelles technologies de la finance), de l’Insurtech (technologies dédiées au monde de l’assurance), de la Fintech verte, et, de la Wealthtech (Fintech destinée à la gestion de fortune). Une fois de plus, InvestHK, le département du gouvernement de la Région Spéciale Administrative de Hong Kong chargé des investissements directs étrangers, a démontré sa maîtrise de l’organisation des grands événements. Malgré la foule constamment présente sur place - plus de 35 000 visiteurs, 800 intervenants environ, plus de 700 sponsors et exposants -, l’attente pour récupérer son badge d’entrée était courte. La circulation d’un point à l’autre du salon demeurait fluide. Découpé méthodiquement, l’espace avait été agencé selon les règles du Feng Shui, cette philosophie suivant laquelle l’aménagement harmonieux de l’environnement est propice au bien être, insuffle du tonus, est vecteur de prospérité. L’objectif cette édition 2024 de la FinTech Week était aussi de redémontrer la vitalité de Hong Kong. Cette volonté s’est d’abord illustrée par une cérémonie d’ouverture énergisante, au son d’un spectacle impressionnant de tambours tonitruants. Puis, l’entrée en scène du secrétaire aux Finances (« Financial Secretary ») de Hong Kong, Paul Chan a remis les pendules à l’heure. Le membre du gouvernement a dressé l’état des lieux : « Au cours du premier semestre de cette année, parmi les 10 plus grandes transactions Fintech de la région Asie-Pacifique, trois ont eu lieu en Chine continentale et deux à Hong Kong. Cela signifie, Mesdames et Messieurs, que vous êtes au bon endroit » pour dénicher des pépites. Hong Kong abrite aujourd’hui 1 100 entreprises Fintech et Web3 (web décentralisé exploitant la technologie blockchain) dont la plupart proviennent de l’étranger. Parmi elles, les 60 entreprises épaulées par InvestHK ont attiré des investissements dépassant 2,4 milliards de dollars. En outre, selon les données du Financial Services and the Treasury Bureau (FSTB), 38 % environ des institutions financières locales utilisent l'IA, soit 12 % de plus que la moyenne mondiale. Notons que la Hong Kong University of Science and Technology (Université des Sciences et Technologies de Hong Kong) met à disposition de l’industrie son propre modèle d’IA ainsi que ses ressources informatiques. Video: Hong Kong FinTech Week 2024, cérémonie d’ouverture, 28/10/2024. ©Keih Saht Le Equilibre entre croissance et sécurité Comment, à l’avenir, réglementer à bon escient cette jeune filière à l’éventail technologique d’ores et déjà très large, exposée de surcroît à une compétition mondiale vive et redoutable. Au Port au Parfum, qui tient à conserver sa réputation de place financière internationale, le mot d’ordre est de fixer des règles du jeu pour fleurir sainement, grossir sans contraindre la croissance tout en protégeant les investisseurs des escroqueries. Abordant d’emblée cette question lors de la FinTech Week, Christopher Hui, secrétaire aux Services financiers et au Trésor (Secretary for Financial Services and the Treasury) a évoqué la piste suivie actuellement avec humour. En direct sur le plateau, le membre du gouvernement a demandé à l’intelligence artificielle générative (GenAI) dénommée Prompt de composer un poème avec le style de Shakespeare, pour décrire la réglementation financière à implémenter. Voici la réponse de Prompt : « In Hong Kong's realm, a policy shall rise, (Au royaume de Hong Kong, une politique doit s’ériger) To guide the hand of man with thought divine, (Pour guider la main de l'homme avec une pensée divine) And govern Al's dance 'neath watchful skies. (Et gouverner la danse de l’lA sous des cieux vigilants) In finance where the algorithms play, (Dans la finance où les algorithmes jouent) With fairness sought, and justice as our light, (Avec la quête de l’équité, et la justice notre lumière) To guard against the shadows that may sway. (Pour nous protéger des ombres susceptibles d’influencer) With guidance firm, let progress find its way, (Avec une direction ferme, laissons le progrès trouver son chemin) In harmony with trust, let Al grow and stay. (En l’harmonie nous croyons, que l’IA grandisse et demeure) » Plus concrètement, une réglementation approfondie concernant les stablecoins (cryptomonnaie dite stable, adossée à la valeur d’un autre actif), ainsi qu’un régime de licence concernant les fournisseurs de services de conservation d’actifs virtuels, verront le jour dès 2025. A propos de l’octroi de licences aux bourses de crypto-monnaies, dites VAT (« Virtual asset trading platform operators ») - 3 seulement sont licenciées à ce jour, OSL Exchange, HashKey Exchange et HKVAX-, « nous ne sommes qu’au début de notre travail », rassure Dr Eric Yip, directeur exécutif, Intermédiaires (executive director, Inermediaries) de la Securities and Futures Commission (SFC). Consciente de la nécessité de protéger les investisseurs tout en tenant compte de l’environnement commercial, l’autorité de marché souhaite approfondir le dialogue avec ces acteurs aux services de plus en plus prisés. La SFC prévoit donc de constituer, dès l’année prochaine, un groupe consultatif incluant l’ensemble des VAT dotées de licence. Renforcer la demande Construire une offre technologique solide et reconnue constitue un défi. En assurer la demande en représente un autre. Les autorités hongkongaises le savent bien. A cet égard, Christopher Hui a promis qu’une nouvelle loi serait promulguée d’ici à la fin de l’année comprenant un allégement fiscal offert pour les investissements des fonds privés et des Family office (bureau de gestion de patrimoine ou gestionnaire de grande fortune) en actifs digitaux. Autre initiative afin que l’offre de services Fintech du Port au Parfum s’adapte aux besoins, la Hong Kong Monetary Authority (HKMA, l’Autorité monétaire de Hong Kong) lance la Fintech Connect. Il s’agit de la première plate-forme de mise en relation des institutions financières avec les fournisseurs de services Fintech. La HKMA collabore avec l’Autorité de Qianhai, afin d’y ajouter des acteurs de la Greater Bay Area (Région de la Grande Baie). Le Hong Kong Exchanges and Clearing Limited (HKEX, la Bourse de Hong Kong) s’implique également dans la bataille. Afin que les investisseurs puissent prendre des positions éclairées, une série d'indices d'actifs virtuels sera mise en ligne à partir du 15 novembre prochain. L’objectif est de fournir davantage de repères et de transparence des prix du Bitcoin et de l’Ether dans la région Asie-Pacifique. Dans les détails, l’indice de référence sera un prix spot de référence pondéré en fonction du volume pendant 24 heures du Bitcoin ou de l’Ether, basé sur les prix agrégés des bourses d’actifs virtuels les mieux notées, calculés en temps réel, et, libellés en dollars américains. Administrée et calculée par le britannique CCData, cette nouvelle série d'indices d'actifs virtuels est la première conforme au règlement des indices de référence de l'Union Européenne (BMR) développée à Hong Kong. Etablir des partenariats à l’étranger constitue aussi un moyen de développer la demande en actifs virtuels. Ces jours-ci, la région du monde ciblée est le Moyen-Orient. Récente communication en la matière, le HKEX ouvrira un bureau à Ryad en 2025. Grâce à cette expansion, la place de marché hongkongaise fait d’une pierre deux coups. En même temps qu’elle accroit sa couverture internationale, elle facilite l’accès des riches clients moyen-orientaux à ses marchés de capitaux. Tokenisation toute ! Un domaine des technologies financière où Hong Kong détient une stature avant-gardiste est, sans conteste, la tokenisation. Eddie Yue, directeur général (chief executive) de la HKMA met les points sur le i : « La tokenisation diffère des cryptoactifs. Une confusion a pu exister car tous deux reposent sur la technologie blockchain. Les cryptoactifs sont principalement spéculatifs. Notre point de vue est de laisser ce marché croître tout en instaurant des garde-fous. La tokenisation, en revanche, est une manière innovante d’enregistrer la valeur et la propriété de l’argent, des actifs sous forme numérique sur un registre programmable. » Convaincue des avantages du déploiement de cette technologie, la HKMA a démarré en août 2024 le gigantesque projet appelé Ensemble Sandbox. Sa mission est d’expérimenter la « tokenisation institutionnelle » pour les titres traditionnels et les Real World Asset (RWA, actifs du monde réel) en s’appuyant sur une monnaie numérique émise par une banque centrale (CBDC), afin d’effectuer des règlements interbancaires entre les dépôts « tokenisés » (convertis en tokens) des banques. Dans cette optique, les partenariats avec les banques centrales étrangères ne cessent de se multiplier. Parmi les plus récents, citons ceux dévoilés le 28 octobre avec la Central Bank of Brazil (Banque centrale du Brésil) et la Bank of Thailand (Banque centrale de Thaïlande). Hong Kong propage la tokenisation à tous crins, et à de multiples secteurs, dont, par exemple, celui des émissions vertes gouvernementales (plan Evergreen lancé en 2021). Afin d’aller encore plus loin, d’avancer plus vite, un programme de subvention Digital Bond Grant Scheme (Programme de subventions pour les obligations numériques) est en train de voir le jour. L’idée est d’offrir un financement de 2,5 millions de HKD maximum pour chaque émission obligataire numérique.
Un rêve pour 2030 Au milieu de cette pluie d’annonces, toutes plus pragmatiques les unes que les autres, reste-il encore un peu de place pour rêver à la création d’un monde meilleur grâce aux nouvelles technologies de la finance ? Florian M Spiegl, fondateur, directeur général de EVIDENT (plate-forme d’investissements alternatifs à impact), qui s’exprimait à l’une des tables rondes de la FinTech Week (le 29 octobre) l’espère. D’après lui, d’ici à 2030, grâce à la tokenisation, il pourrait être possible de participer directement à la prospérité de sa propre vie locale. Pour soutenir, investir dans le commerce de proximité que l’on aime, il pourrait suffire de scanner son QR code. De la sorte, « vous participeriez à la construction de votre univers de tous les jours, de celui auquel vous appartenez. Votre investissement prendrait plus de sens. » Par EM à Hong Kong
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Janvier 2025
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